Paix à vous dans le Christ vraiment ressuscité.
Le terme hypocrite provient de l'hébreu haneph qui signifie impie, méchant, qui méprise Dieu. Ainsi, l'hypocrite n'est pas celui qui est impur sinon tous les chrétiens sont des hypocrites (sic !), mais celui qui, volontairement, agit contre la volonté de Dieu.
Peut-on dire que nous sommes les scribes et les Pharisiens lorsque nous prenons soin de notre corps ? La réponse est plus nuancée.
Il faut répondre oui lorsque le soin du corps est au détriment du soin de l'âme, lorsque le soin corporel devient une obsession ou lorsqu'il est réalisé en vue d'un gain ou d'un bien matériel parce que le corps a été donné à l'homme non pour être vendu ou pour être support publicitaire mais pour soutenir l'âme et participer à sa perfection dans la grâce du Christ.
Il faut répondre non lorsque c'est en vue de vouloir guérir ou apaiser un mal, sinon il faudrait condamner médecins, chirurgiens, infirmiers et tous ceux qui oeuvrent pour faire reculer la maladie et les souffrances liées à la maladie (à condition que ces hommes de bonne volonté n'aient pas le désir inconscient de se prendre pour des dieux !).
Pourquoi Notre Seigneur blâme-t-il les scribes et Pharisiens ?
Le mot scribe vient de l'hébreu sôpher qui signifie théologien. Or ces scribes étaient à blâmer non parce qu'ils étudiaient les livres saints mais parce qu'ils n'appliquaient pas correctement la Loi et les enseignements de Moïse. Ce blâme sous-entend que la foi en tant que connaissance intellectuelle n'est pas une vertu, ce qui condamne l'hérésie luthérienne "la foi seule sauve" mais que, suivant saint Thomas d'Aquin et les autres Pères de l'Eglise, la foi sauve lorsqu'elle se manifeste par les oeuvres. Les scribes sont dits malheureux lorsque leur foi n'est qu'intellectuelle alors qu'on dira d'un croyant, savant ou non, qu'il est bienheureux lorsque sa foi brillera aux yeux de son prochain par des oeuvres de charité, d'humilité, de douceur, de patience, etc.
Le mot pharisiens vient de l'hébreu perouschim qui signifie séparés. L'Eglise en a fait une secte ce qui est exagéré puisque les Pharisiens dépendaient du Sanhédrin. Les Pharisiens sont dits malheureux parce que même s'ils se séparaient des autres "juifs" séduits au IIIè siècle avec J.C. par l'héllénisme, ils sont néamoins restés attachés aux interprétations rabbiniques de la Loi plutôt qu'à la Loi elle-même. Or si la Loi ne sauve pas, que peut-on alors dire de toute interprétation de la Loi ?
Si, entre l'homme et Dieu, il y a un infini à tous points de vue (perfection, vertu, longévité, puissance, etc.) peut-on cependant dire que Dieu seul peut voir l'intérieur de l'homme ? De nouveau il faut nuancer la réponse.
Il faut répondre oui parce que Dieu voit naturellement absolument tout ce qu'Il a créé, aussi bien l'extérieur de tout homme que l'intérieur de tout homme alors que l'homme voit naturellement selon son sens visuel, savoir ses yeux de chair.
Il faut répondre non parce que la grâce du Christ, les dons et les vertus de l'Esprit-Saint ont été donnés aux baptisés afin de voir l'intérieur de tout homme. Cependant l'homme ne voit pas de la même manière l'intérieur de son prochain comme le fait Dieu, c'est seulement par similitude ou par analogie. Comment l'homme peut-il voir l'intérieur de son prochain ? La réponse peut être la même que pour la question "Comment aimer son prochain comme Jésus-Christ nous a aimés ?" Dans un précédent article, nous avions donné comme réponse le profond et sublime enseignement de saint Maxime (le Confesseur) : l'homme doit haïr l'humain et aimer la nature humaine. Ainsi, pour voir l'intérieur de l'homme, le chrétien doit user de ce que Dieu lui a donné pour ne plus juger selon l'humain mais selon la nature humaine. Et plus le chrétien usera de sa volonté pour essayer de parfaire cette nouvelle approche, plus Dieu élèvera sa volonté au niveau de la Sa Volonté, ne lui donnant pas un pouvoir supplémentaire par rapport à son prochain si ce n'est plus d'humilité (envers son prochain) et moins d'orgueil (envers lui-même).
Enfin, disons qu'à Dieu seul est réservé le jugement de l'homme en tant qu'individu mais qu'il est donné à certains homme la capacité (voire le devoir) de juger l'homme selon ses actes, au regard de la vraie foi et des bonnes moeurs.
Bien fraternellement dans le Christ,
saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)