Le Dieu des vivants
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"Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort". Voilà une parole qui sonne comme un reproche. Elle ressemble beaucoup à d'autres que l'on retrouve dans la Bible, en particulier dans certains psaumes ; on y reproche à Dieu son silence et son absence. Faire des reproches à Dieu, cela ne nous paraît pas correct. Dans ce cas, nous oublions que notre Dieu c'est celui à qui on peut tout dire, même des paroles de reproches et d'incompréhension. Nous vivons dans un monde qui souffre de toutes sortes de bouleversements et de catastrophes dramatiques. Et nous nous posons la question : "où est-t-il notre Dieu ? que fait-t-il ?
Ce cri de révolte c'est déjà une prière. Notre Dieu c'est quelqu'un vers qui nous pouvons crier notre souffrance. Il n'est pas un Dieu lointain et absent auquel on cache certaines choses. Nous pouvons toujours lui dire les peurs et les interrogations qui nous tracassent. Quand tout va mal, nous pouvons toujours nous adresser à lui ; et si nous ne savons pas prier, nous pouvons toujours "crier" vers le Seigneur. La liturgie de ce dimanche nous propose le psaume 129 : "Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur, Seigneur écoute mon appel ; que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière.
Aujourd'hui, nous voyons Marthe et Marie reprocher à Jésus de ne pas avoir été là pour empêcher la mort de leur frère Lazare. Et pourtant, il avait été averti depuis plusieurs jours de la mort de son ami. Arrivé devant le tombeau, Jésus est bouleversé d'une émotion profonde. Comme nous, il ressent douloureusement la mort d'un ami ou d'un parent. Mais à travers Lazare, c'est aussi la détresse de toute l'humanité qu'il voit, celle du Japon, du Moyen Orient mais aussi celle de tous ces hommes, femmes et enfants qui se trouvent enfoncés dans la misère et qui n'ont plus le minimum pour survivre. En ce jour, nous nous tournons vers lui et nous lui demandons qu'il nous donne un cœur semblable au sien, sensible à la peine des autres
Si nous voulons comprendre quelque chose à cet évangile, il nous faut prendre en compte toutes nos interrogations face à la souffrance et à la mort. Nous sommes peut-être trop habitués à entendre cet évangile. Nous l'avons entendu des centaines de fois, en particulier lors des célébrations de sépultures. Nous connaissons la fin de l'histoire. Nous savons que Jésus va faire quelque chose et tout va rentrer dans l'ordre. Lazare sera "relevé" ; il pourra reprendre ses occupations, retrouver ses sœurs, ses amis. Mais un jour, il connaîtra de nouveau la mort.
L'évangile de ce dimanche ne nous présente pas ce geste de Jésus comme un miracle mais comme un signe. Au-delà du relèvement de Lazare, il nous parle de nous ; le message qu'il nous adresse est un message d'espérance. En lui, c'est le Dieu des vivants qui se révèle au monde. Ce matin, il nous a convoqués pour entendre son appel : "Lazare, viens dehors !" Aujourd'hui, c'est aussi à chacun de nous qu'il s'adresse : "Viens dehors !" Il nous appelle tous par notre prénom pour nous renouveler cet appel : Viens dehors… Je te libère de tes bandelettes… je te fais respirer un air nouveau… Ce n'est plus l'air des tombeaux et des cadavres, mais un air pur, celui où vivent les hommes.
Cette promesse d'une vie nouvelle, ce n'est pas seulement pour après notre mort mais pour aujourd'hui. C'est aujourd'hui que Lazare est réveillé et qu'il va reprendre vie avec les autres. Mais le Seigneur compte sur nous pour enlever la pierre. Cette pierre, c'est celle de notre égoïsme et de tout ce qui nous ferme à Dieu et aux autres. Le Christ compte sur nous pour participer à cette œuvre de libération. Nous pensons à tous ceux qui sont opprimés, sans travail, affamés ou malades. Nous croyons que le Seigneur peut ouvrir ces tombeaux-là. Mais nous savons aussi que sa parole et son action passent par nos engagements.
C'est pour répondre à cet appel qu'à la demande du pape, les évêques de France ont créé le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement. Depuis 50 ans, le CCFD-Terre solidaire poursuit sa mission pour donner aux plus pauvres les moyens de sortir de la misère. Il participe ainsi à la construction d'une société plus juste et plus solidaire. Dans des pays ruinés par la guerre, les catastrophes, les famines et la pauvreté, des hommes veulent reconstruire la paix et la réconciliation. Ils veulent réapprendre à vivre ensemble. Ils veulent réaliser des actions qui les aident à sortir de leur situation de misère. A travers notre geste de partage, nous voulons participer à l'œuvre du Christ qui est venu pour que "tous les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance."
Le même Seigneur est toujours là. Il veut nous remettre debout chaque jour. Il vient faire sauter toutes nos bandelettes, celles de la peur, du désespoir et de la discorde. Il est le Dieu libérateur. Avec lui, nous sommes entrés dans l'ère de la résurrection. Désormais, tout redevient possible car il nous fait partager sa vie. C'est pour cela qu'il se donne à nous dans l'Eucharistie.
C'est vrai, Seigneur, tu ne laisses pas mourir en nous la vie que tu nous offres. A l'appel de ton Fils, fais-nous sortir des tombeaux où tu enfermes nos péchés. Rends-nous la lumière éclatante, toi Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen
D'après diverses sources
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