Saint Ignace d' Antioche, dans son admirable lettre aux chrétiens de Philippes,
il dit : « Le prince de ce monde se réjouit, lorsqu’il voit quelqu’un renier la croix. Il sait que
c’est la croix qui lui donne la mort ; car elle est l’arme destructive de sa
puissance. Sa vue lui fait horreur, son nom l’épouvante. Avant qu’elle fût
faite, il ne négligea rien pour la faire fabriquer. À cette oeuvre il poussa
les fils d’incrédulité, Judas, les Pharisiens, les Saducéens, les vieillards, les
jeunes gens, les prêtres.
«Mais, lorsqu’il la voit sur le point d’être achevée, il se trouble. Il jette
le remords dans l’âme du traître ; il lui présente la corde et le pousse à se
pendre. Il épouvante par un songe pénible la femme de Pilate, et fait tous
ses efforts pour empêcher la confection de la croix. Ce n’est pas qu’il eût
des remords ; s’il en avait, il ne serait pas complètement mauvais ; mais il
pressentait sa défaite. Il ne se trompait pas. La croix est le principe de sa
condamnation, le principe de sa mort, le principe de sa ruine. »
Ainsi deux enseignements : horreur et crainte du démon à la vue de la croix et du signe de la croix ; joie du démon, à l’absence de l’une et de l’autre. Voit-il une âme, un pays sans le signe de la croix, il y entre
sans crainte, il y est à l’aise. Aussi inévitablement qu’au coucher du soleil les ténèbres succèdent à la lumière, aussi inévitablement il y rétablit son empire. Le monde actuel en est la preuve sensible.
extrait du livre << le signe de la croix de Monseigneur Gaume >> page 139