Voilà qui est bien Fanny ...
Merci de me devancer pour parler de l'anniversaire de la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ...
Je vais à la messe présidée par notre Evêque demain à la communauté de la sainte Miséricorde de Laval :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]La Maison «Mère »
En 1816 un jésuite vient à Laval pour prêcher une mission, le P. Etienne Chanon. Un projet lui tient fort à cœur, il rêve de fonder à l'instar de saint Ignace à Rome une maison de pénitence pour accueillir des jeunes filles égarées qui ont un désir de revenir dans le droit chemin. Il songe à confier les premières jeunes filles à une de ses pieuses pénitentes, Thérèse Rondeau, une jeune repasseuse de vingt-trois ans qui, appelée à la vie religieuse, se prépare à entrer au couvent du Sacré-Cœur. Cependant, obéissante à son père spirituel, Thérèse accepte de recevoir une douzaine de jeunes repentantes. Parallèlement à la catéchèse, la jeune présidente les occupe avec un travail manuel et motivant, elle met en place des ateliers de préparation du coton. Un autre Jésuite, le P. Chapelle remplaçant momentanément du P. Chanon prédit à la jeune femme que la volonté de Dieu n'était pas de la voir entrer au Sacré-Cœur, mais de fonder une congrégation non cloîtrée.
Le supérieur des Jésuites, le P.Thomas, avait rencontré à Bordeaux Melle de Lamouroux, fondatrice d'une “Miséricorde” ayant les mêmes fonctions que celles mises en place par le P.Chanon. Quand le P.Thomas parle à son confrère de la fondatrice, celui-ci s'exclame : “Mais nous avons ici le second tome /”. Il restait à officialiser la nouvelle formation auprès des autorités religieuses et à parachever l'expérience de Thérèse Rondeau, qui se débattait avec les problèmes pécuniers et parfois des filles récalcitrantes.
Thérèse Rondeau se rend à Bordeaux en 1818 à la maison de Miséricorde, les deux fondatrices s'apprécient mais Mère Marie Thérèse Lamouroux forme sans concession la jeune postulante qui l'aide dans sa tâche de direction. Elle reste trois mois et repart à Laval après sa prise d'habit où elle reçoit le nom de sœur Thérèse-François de Borgia de La Croix le 15 Octobre 1818. Remplie d'ardeur, aidée par les pères Chanon et Thomas la jeune novice jette les premiers fondements de la Miséricorde de Laval. On ignore la date de ses vœux définitifs. En novembre de la même année elle s'installe avec ses filles rue du Hameau. Par l'intermédiaire de Madame d'Ardemare elle se voir l'évêque de Laval, Mgr de Pidoll, qui, convaincu par les premiers rapports, donne volontiers son accord. Sœur Thérèse de Borgia affronte deux sortes de difficultés, la calomnie des mauvaises langues du quartier et surtout du manque de Statuts que la Mère de Lamouroux avait toujours négligé de rédiger !
Le nombre des pensionnaires augmente et le refuge devient trop exigu, sœur Thérèse jette son dévolu sur une grande et belle maison de la rue de Paradis mise en vente par un certain Monsieur Busson et ne doute pas que la Providence l'aide à trouver les fonds. Elle n'hésite pas à faire un marché avec le Bon Dieu, devant le Saint-Sacrement : Si le vendeur accepte des versements échelonnés, ce sera la marque de l'approbation divine. Le jour de l'adjudication, obstinée et sans un sou, Thérèse de Borgia l'emporte ! Qu'importe la sœur a convaincu le vendeur d'accepter des versements à termes, juste une heure auparavant.
La Petite Miséricorde de Laval est encore une filiale de la Maison de Bordeaux, et sœur Thérèse poursuit une formation épistolaire par Mère de Lamouroux. Elle reçoit aussi de sa supérieure des conseils pour la gestion matérielle et financière de sa Maison. La fondatrice de la maison de Bordeaux enverra sa nièce sœur Saint Jean de Dieu à Laval pour seconder son élève. Sœur Thérèse Rondeau se trouve à nouveau confrontée à la désobéissance et au caractère difficile de certaines de ses compagnes, d'autre part les autorités civiles la tracassent toujours. Heureusement elle peut compter sur l'appui du maire, Monsieur de Hercé, futur évêque de Nantes et le préfet Coster. Les autorités civiles et religieuses s'impatientent devant le manque de Statuts sérieusement établis sans lesquels on ne peut obtenir la reconnaissance du gouvernement royal. Devant tant de pression la sœur Thérèse a dû emprunter les règlements de l'Ordre de Notre Dame de la Charité fondé par saint Eudes au XVIIème siècle. Ils sont approuvés en février 1826.
La maison de Miséricorde de Laval de ce fait devient autonome et sœur Thérèse en devient, bien malgré elle, la Mère Supérieure. Le costume se composait d'une robe bleue et d'une sorte de cornette blanche à godets surmontée d'un voile sombre. Le repas est frugal, amélioré quand on le peut de quelques pommes. Mère Thérèse instruit elle-même ses filles en donnant le soir des conférences ou bien en dialoguant avec elles. La vie des religieuses se partageait entre le temporel et le spirituel, à l'exemple de Marthe et Marie ; la prière commençait à cinq heures et la dernière prière clôturait la journée à vingt et une heures, on récitait aussi le chapelet et on lisait le catéchisme. Les prières alternaient avec le travail des sœurs, elles épluchaient le coton ou le filaient, plus tard Mère Thérèse ajoutera un atelier de broderie et de tissage du calicot, puis en 1822 un établissement de bains sulfureux. Jamais la supérieure de Laval n'a accepté qu'une fille pensionnaire devienne religieuse.
Un nouveau problème s'impose : l'absence d'un aumônier à demeure. Thérèse de Borgia en réfère au nouvel évêque, Mgr de La Myre, qui approuve à condition que la supérieure lui présente un prêtre. Après avoir, sur le conseil des prélats, récité un “Veni Creator”, Mère Thérèse propose l'abbé Lamotte. Il est nommé le lendemain. Mais qui dit aumônier dit chapelle, or il n'y en a pas à la Miséricorde de Laval. Nouveaux travaux, nouvel appel à la Providence, on pose la première pierre en juin 1824 avec l'inscription des noms des fondateurs, Thérèse Rondeau acceptera d'être mentionnée sur la deuxième pierre. La chapelle est bénie le 25 mars 1825 par le P. Lamotte.
En 1826 Mère Thérèse fait de nouvelles acquisitions, aidée financièrement par Melle Branchu, les landes du Breuil viennent agrandir la Miséricorde. Avant de construire, on cultive pommes de terre et légumes. Une première épreuve survient pour les sœurs, le père Chanon meurt brutalement d'apoplexie, puis c'est au tour de la Mère Thérèse d'être victime d'une attaque cérébrale dont elle se relèvera difficilement et qui sera suivie de calculs rénaux qui la feront terriblement souffrir. La maladie la laisse diminuée moralement et psychiquement. C'est ce qu'elle appellera son “Purgatoire mystique”.
Mère Thérèse de Borgia se décide à faire le voyage à Bordeaux, accompagnée d'une sœur, malheureusement quand elle arrive la Mère de Lamouroux est mourante. Elles ne feront que l'apercevoir mais l'entrevue est source de grâces car elles guérissent toutes les deux.
Sitôt de retour à Laval Mère Thérèse affronte de nouvelles difficultés politiques cette fois, un mouvement chouan se ranime derrière la duchesse de Berry. Des prêtres impliqués comparaissent devant le Tribunal lavallois, parmi eux se trouve le P. Lamotte. D'autre part le Procureur du roi vient vérifier si les filles viennent librement se réfugier à la Miséricorde. Certaines d'entre elles, incorrigibles, repartent ou se sauvent pour retourner à leur vie déréglée. Le jeune frère de Thérèse, Gabriel, part en exil. Laval est déclaré en 1832 en état de siège, les ateliers vont manquer de matières premières et pour finir deux sœurs décèdent dont sœur Théophile, très proche de Thérèse.
Le nombre d'entrées augmente, la mère Thérèse songe à entreprendre à nouveau des travaux, il faut construire plus grand et plus solide. Aidée par une riche châtelaine, Elisabeth de La Bourdonnaye qui se souvient du verre d'eau donné par la Bonne Mère un jour de malaise, Thérèse pose la première pierre en 1837, les travaux devaient durer vingt-cinq ans. La nouvelle fondation est dédiée à Saint-Joseph-des Champs. Parallèlement une chapelle est édifiée par un Jésuite, le P. Desbrosse qui avait fait vœu de construire un sanctuaire à saint Joseph pour en faire un lieu de pèlerinage.
Mère Thérèse Rondeau s'était montrée réticente à l'éclosion d'autres fondations, craignant la dispersion de ses collaboratrices, cependant elle acceptera de favoriser la naissance de deux autres Maisons de Miséricorde en France, l'une à Quimper et une autre à Lisieux. Gravement malade depuis plusieurs années Mère Thérèse Rondeau de Borgia s'éteint saintement, assistée par Mgr Wicart, évêque de Laval, le 16 juillet 1866. Elle sera inhumée dans le jardin de sa Maison.